N°11 / Préservation de la mémoire du Web en temps de crise

« Archive-moi si tu peux »

À la recherche du patrimoine nativement numérique de la pandémie en Méditerranée et MENA

Sophie Gebeil

Résumé

Cet article propose de revenir sur les collections étudiées au sein de deux projets relevant des Web archive Studies (WARCnet et AWAC2), en prêtant une attention particulière à la représentation des pays du pourtour méditerranéen et de la région MENA dans les traces ainsi conservées. À travers une première exploration du cas de la préservation des contenus nativement numériques émanant de ces espaces, cet article interrogera les défis qui restent à relever dans la constitution et l’étude du patrimoine numérique recrée (reborn digital heritage).

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Le 25 avril 2020, au moment où plusieurs pays d’Europe ont imposé un confinement, un collectif de chercheurs de l’Université de Genève diffusait une tribune dans Libération invitant à conserver les traces publiées en ligne afin de permettre l’édification d’une « mémoire ordinaire de l’extraordinaire[1] ». Les signataires appelaient alors à la plus grande vigilance quant au risque de surreprésentation ou d’invisibilisation de groupes sociaux que pouvaient entrainer les choix d’archivage. L’argumentaire de l’appel illustre une prise de conscience du caractère patrimonial des traces nativement numériques publiées en ligne, y compris s’agissant des contenus vernaculaires, le web étant perçu comme l’environnement privilégié pour la prise de parole de groupes sociaux dominés ou marginalisés. Sans pour autant les mentionner, le texte témoigne également du chemin parcouru depuis les premières initiatives confidentielles d’archivage du Web nées à la fin des années 1990. En effet, sur les pas d’Internet Archive, plusieurs dispositifs d’archivage du Web ont été déployés dans différents états au début des années 2000, encouragés par l’UNESCO à travers la « Charte pour le patrimoine numérique » de 2003. En France, la Bibliothèque nationale de France (BnF) et l’Institut National de l’Audiovisuel (INA) ont conduit des expérimentations en ce sens dès 2002, avant de disposer du cadre juridique fixé par le dépôt légal du web créé par la loi DADVSI en 2006. Ces institutions participent à la dynamique internationale structurée autour de l’IIPC - International Internet Preservation Consortium (2006) et travaillent en collaboration avec des chercheurs en SHS comme en sciences de l’informatique. Face à la pandémie, cette communauté en pleine essor, préoccupée par les modalités de collecte et d’analyse de ces « archives pas comme les autres » (Musiani et al., 2019) a ainsi impulsé plusieurs projets autour de l’archivage des traces en ligne liées au coronavirus. 

Dans cet article, je prendrai pour exemple les projets auxquels j’ai participé, en tant qu’historienne des usages mémoriels en ligne mobilisant les archives du web comme source dans mes travaux depuis une dizaine d’années. Il s’agit d’abord du projet WARCnet (Web ARChive studies network researching web domains and events), lancé au début de l’année 2020 par des chercheurs pionniers dans la réflexion sur les archives du web en sciences humaines et sociales. Coordonné par Niels Brügger (Université de Aarhus), Valérie Schafer (Université du Luxembourg) et Jane Winters (Université de Londres), le projet regroupe une centaine d’individus, membres de plusieurs universités et de huit institutions d’archive. Le comité de pilotage témoigne de la collaboration étroite tissée entre les archivistes et les chercheurs, puisqu’il rassemble les trois principal investigators ainsi qu’Ulrich Karstoft Have (Aarhus University), Kees Teszelszky (Dutch Web archive) et moi-même. L’objectif initial est « de promouvoir une recherche internationale afin d’étudier l'histoire des domaines web et des événements transnationaux sur le web, en s'appuyant sur le patrimoine culturel numérique de plus en plus important conservé dans les archives web nationales[2] ». Lors du lancement du projet, divers événements avaient été retenus collectivement comme objets d’étude : les commémorations, les compétitions sportives, ou encore l’Europ Pride. Pris dans la pandémie, le projet s’est naturellement orienté vers l’étude des collections archivées autour du coronavirus, glissant ainsi d’une étude du web passé à une réflexion sur la patrimonialisation en train de se faire. Outre l’analyse des conditions de la collecte, nous avons obtenu une série de métadonnées décrivant les contenus archivés par les différentes institutions membres de WARCnet : Royal Danish Library, BnF, NSL (National Széchényi Library, Hongrie), IIPC, BnL, KB (Koninklijke Bibliotheek, Pays-Bas), UKWA (UK Web Archive). Ce travail a débouché sur un second projet porté par Valérie Schafer et financé par l’Université d’Ottawa, intitulé AWAC 2, Analysing Web Archives of the COVID-19 Crisis[3]  qui doit permettre d’approfondir l’étude de la collection rassemblée par l’IIPC en partenariat avec Internet Archive, grâce aux outils du programme The Archive Unleashed (Ruest et al., 2020). Ces recherches permettent de dresser un état des lieux des sites et des contenus ayant été collectés par les différentes institutions, mais aussi d’enrichir l’indispensable réflexion épistémologique et méthodologique liée à l’usage des archives du web en SHS (Gebeil, 2021).

Je m’intéresserai ici plus particulièrement à la représentation des sphères web du bassin méditerranéen et de la région MENA[4] dans les collections des projets WARCnet et AWAC2. La patrimonialisation du web est une dynamique principalement impulsée depuis les pays anglo-saxons et européens, même si ces dernières années la Chine, la Corée du Sud, ou encore la Malaisie ont investi dans la préservation de leur patrimoine nativement numérique. Or en Méditerranée, l’archivage du web reste balbutiant (figure n° 1), y compris au sein d’États membres de l’Union Européenne (Italie, Espagne), et constitue pourtant un enjeu historique et géopolitique majeur[5]. Dans ces conditions, le risque de perte des traces publiées en ligne durant la pandémie qui a particulièrement frappé les pays arabes du bassin méditerranéen[6], est élevé. Marquées par des fragilités économiques et politiques préexistantes, les expériences numériques vécues par les populations des pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée sont en proie au risque d’invisibilisation, faute de collecte systématique. Face à ce constat, des contenus ont toutefois déjà été identifiés dans les collections explorées au sein des projets WARCnet et AWAC2. Cet article étudiera donc la part des traces issues des web nationaux des pays du pourtour méditerranéen et de la zone MENA (Middle East and North Africa) dans ces collections. À travers une première exploration du cas de la préservation des contenus nativement numériques émanant de ces espaces, cet article interrogera les défis qui restent à relever dans la constitution et l’étude du patrimoine numérique recrée (reborn digital heritage).

En explorant une collection marginale dans une vaste entreprise d’archivage, cet article entend éclairer le processus de patrimonialisation numérique lié à la pandémie, tout en interrogeant les limites induites par sa gouvernance, plus particulièrement sa capacité à reproduire les disparités à l’échelle du bassin méditerranéen. Pour ce faire, je reviendrai d’abord sur la stratégie mise en place par l’IIPC en 2020 dans le cadre de la collecte spéciale dédiée à la Covid-19 et ce afin de mieux en cerner les finalités mais aussi les limites. Ensuite, je dresserai un état des lieux de la présence des traces de la zone MENA et de la Méditerranée dans cette collection, avant de tirer les enseignements de cette exploration ainsi que les principales perspectives d’étude en faveur d’une histoire des usages observés en ligne pendant la pandémie au Moyen-Orient et au Maghreb. 

Au delà de l'écran, la fabrique des collectes d'urgence dédiées au coronavirus en 2020

Depuis les initiatives pionnières d’archivage du web de la fin des années 1990, une communauté de recherche pluridisciplinaire (sciences humaines et sociales, sciences de l’informatique) et pluri-catégorielle (universitaires, archivistes, conservateurs, bibliothécaires, informaticiens) s’est structurée autour de réseaux européens et nord-américains, animés par Internet Archive, l’IIPC, l’Université de Waterloo au Canada et l’infrastructure de recherche RESAW (Research Infrastructure for the Study of Archived Web Materials). Au début de l’année 2000, alors que le coronavirus se propageait en Europe, ces acteurs des Web archives studies ont mis à profit leurs compétences pour collecter les traces en ligne liées à la Covid-19 et proposer des pistes de réflexion sur l’édification et l’étude du patrimoine numérique de la pandémie, à différentes échelles et selon des conditions hétérogènes.

En France, le cadre juridique du dépôt légal et l’expertise développée par la BnF et l’INA qui se partagent la mission d’archivage du web national depuis la loi DADVSI de 2006, a donné lieu à des collectes spécifiques, en plus du moissonnage du périmètre propre à chaque institution. Ces stratégies de collecte conditionnent en partie les contours de la mémoire nativement numérique nationale de la pandémie. Pour les chercheurs qui mobilisent ou mobiliseront ces collections, il est indispensable de comprendre comment la sélection s’est opérée et d’en évaluer la représentativité. Une série d’enquêtes orales a donc été réalisée dans le cadre du projet WARCnet auprès de plus d’une trentaine d’institutions d’archivage. Du côté de la BnF, l’équipe du dépôt légal numérique a lancé, en complément des collectes courantes, une collecte ciblée à partir de février 2020 mobilisant, en plus des départements et des services traditionnellement impliqués, 58 correspondants en région, y compris pendant les phases de confinement (Gebeil, Schafer, Benoist, et al. 2020). Du côté de l’INA, outre la collecte systématique du domaine médiatique, l’équipe pilotée par Jérôme Thièvre s’est attelée à archiver les tweets relatifs à la pandémie à partir de février 2020 (Schafer, Thièvre, Blanckemane, 2020). À l’image de la France, les collectes ont été conduites principalement à l’échelle nationale, selon des modalités qui varient selon le cadre juridique, les moyens alloués, et le type de gouvernance[7]. La collecte collaborative impulsée par l’IIPC, en février 2020, fût alors l’occasion pour des pays ne disposant pas d’organisme de collecte dédié, de participer à la conservation des traces de la pandémie. 

Rompu aux collectes concernant des événements transnationaux, le Groupe de Développement de Contenu de l’IIPC piloté par Nicola Bingham (UK Web Archive) et Alex Thurman (Colombia Universitary Libraries) a mis en place un dispositif de collecte exceptionnel en accord avec Internet Archive (Bingham & Geeraert, 2020). La fondation états-unienne a en effet augmenté le budget de stockage alloué à l’IIPC, passant de 3 To à 5 To permettant ensuite l’identification des pages Web à collecter en ligne en vue de la création, via Archive-It, d’une collection accessible sur le site de la fondation états-unienne[8]. Le moissonnage des contenus s’est basé sur une double dynamique. D’une part, les membres de l’IIPC se sont vus adresser un guide de collecte ciblant des thèmes privilégiés (origine du coronavirus, information sur les symptômes, confinements, restrictions, aspects médicaux, sociaux, économiques et politiques) afin de pouvoir ensuite proposer des adresses URLs pertinentes repérées en ligne. Les suggestions étaient recensées dans un tableur collaboratif au sein duquel les membres devaient renseigner des métadonnées basiques concernant les URLs sélectionnées : titre, langage, description, extension du nom de domaine, pays, nom du moissonneur, périmètre de collecte (totalité du site hôte ou bien seulement une page). D’autre part, l’IIPC a diffusé un questionnaire en anglais réalisé sous Google Form, ouvert au public, permettant à tout internaute ou institution non membre de l’IIPC de donner des suggestions en renseignant les informations citées précédemment pour chaque URL proposée. L’ensemble était modéré par Nicola Bingham et Alex Thurman manuellement. En effet, en raison du processus mais aussi des limites de stockage, le moissonnage n’est pas automatisé contrairement aux collectes larges effectuées par la BNF ou l’INA dans le cadre de l’archivage du web national. Les pages Web étaient privilégiées par rapport aux contenus issus des réseaux socionumériques. 

Le caractère participatif répond à la volonté d’élargir autant que possible la dimension internationale, Nicola Bingham explique d’ailleurs que la modération a imposé de demander à certaines institutions d’archivage très dynamiques et généreuses de réduire le nombre de suggestions afin de veiller à laisser de la place pour certains espaces habituellement peu présents : « nous voulions représenter toutes les régions et tous les pays » (2020, p.6). À l’automne 2020, après modération et vérification des suggestions une par une, c’est plus de 10000 contenus qui ont été collectés rassemblant 21600104 documents et fichiers, représentant 3,3 To[9](Bingham & Geeraert, 2020). Contrairement à l’accès soumis à la règlementation du dépôt légal, les contenus collectés sont accessibles en ligne, ce qui a conduit les responsables à sélectionner la qualité des informations afin d’éviter de contribuer à la diffusion de rumeurs.

MENA et la Médierranée dans la collecte de l'IIPC, une présence discrète

Dans le cadre des projets WARCnet (dir. Niels Brügger) et AWAC2 (dir. Valérie Schafer), l’équipe de recherche a eu accès au tableur présentant les URLs collectées et les métadonnées associées. Ces informations permettent de réaliser des filtres de premier niveau, complétés par des traitements statistiques et des tableaux croisés dynamiques sur Excel. 

La collection rassemble 10664 contenus concernent 137 pays dans 51 langages distincts. Ceux-ci proviennent principalement de pays européens (Danemark, France, Norvège, Hollande, Espagne, Portugal) et américains (États-Unis, Brésil, Pérou, Uruguay), les États-Unis représentant près d’un cinquième des contenus (figure n° 2). Cela correspond en partie à des institutions membres de l’IIPC particulièrement actives au sein du réseau, mais on constate aussi des fournisseurs hors IIPC figurant parmi les 10 pays les plus représentés à l’image du Brésil et du Pérou. Cette surreprésentation européenne et américaine se retrouve dans les langages référencés indépendamment du pays de publication : 31% de la collection est en anglais, 25% en espagnol, 18% en portugais, 7% en français (figure n° 3). 

Dans le cadre du projet AWAC2 fondé sur l’exploitation des fichiers collectés par l’IIPC en 2020, l’une des questions de recherche est de savoir si la collection permet de documenter les pays qui n’ont pas d’archivage du web national et constituent ainsi des angles morts de ce patrimoine nativement numérique. À ce titre l’espace méditerranéen et ses marges dans la région MENA fournit une échelle particulièrement riche d’enseignements.

Tout d’abord, l’archivage du web y est peu développé, y compris sur la rive européenne où seuls la France, l’Espagne, la Grèce, la Croatie et la Slovénie disposent d’un archivage du web systématique, ce qui n’est pas le cas de l’Italie par exemple. Du côté de la zone MENA l’Egypte est le seul pays disposant d’un système de collecte porté par la Bibliothèque d’Alexandrie en partenariat avec Internet Archive. Excepté Israël qui s’est doté de son propre projet de sauvegarde sans être membre de l’IIPC[10], l’Égypte la France, l’Espagne, la Grèce, la Croatie et la Slovénie sont engagés dans le consortium. Malgré un élargissement progressif du réseau dans cette direction depuis sa création en 2006, MENA et la Méditerranée demeurent sous-représentés au sein de l’IIPC. 

Les universités et les GLAM (Galleries, Libraries, Archives, and Museums) du monde arabe jouent un rôle moteur dans le développement d’une réflexion sur l’archivage digital en lien avec l’essor des humanités numériques. Cependant, ces initiatives centrées sur la numérisation et le codage de l’alphabet arabe, sont moins médiatisées au regard des projets occidentaux conduits dans la région. L’instabilité politique, les différentes crises et conflits armés de ces dernières années ont mis à mal la préservation du patrimoine culturel, qu’il s’agisse de la dégradation des archives ou des cas plus extrêmes de destructions délibérées : « Le monde arabe est face à un véritable défi : jamais son patrimoine n'a été exposé à tant de menaces différentes » (Bayoumi & Oliveau, 2020, p.16). Dans ces conditions, la collecte de l’IIPC est une opportunité pour préserver les traces de pays majoritairement exclus des initiatives d’archivage du Web. Si le moissonnage est toujours en cours, un regard sur les données de septembre 2020 permettent d’envisager les principales tendances et caractéristiques de cette archive en construction. 

Au sein de la collection de l’IIPC de 2020, le premier constat qui s’impose est la faible représentation des pays méditerranées et MENA : 1733 références sont identifiées, soit environ 17% de la collection. Cependant, parmi ces 1733 contenus archivés, 97 % ont été publiés sur des web de pays de la rive européenne (1672) contre moins de 3% pour les pays MENA (61), y compris en intégrant ce qui ne sont pas directement riverains de la mer Méditerranée (figure n° 4). 

Face à ces disparités, comment les conditions d’archivage national et le fait d’être membre ou non de l’IIPC jouent dans présence des différents états au sein de la collection ? Sans surprise, les pays les plus représentés disposent d’organisme d’archivage et sont membres de l’IIPC, à l’image de l’Espagne qui est présente à travers 319 contenus collectés contre 46 pour l’Italie. Cependant, malgré la présence, à la Bibliothèque d’Alexandrie, du seul dispositif d’archivage du web au sein de la zone MENA, par ailleurs membre de l’IIPC, seuls 3 contenus collectés proviennent du web égyptien.

Si une cinquantaine de contenus provenant de la zone MENA intègrent dans une collecte transnationale d’archivage du web des pays qui ne disposent pas d’organisme d’archivage du web à l’échelle nationale, la surreprésentation européenne est criante. 

Parmi les pages collectées depuis des domaines nationaux de la zone MENA, les disparités sont assez faibles, allant de 1 à 7 par pays (figure n°5). Les Émirats arabes unis, le Qatar la Jordanie présentent plus de 6 contenus contre moins de deux pour la Tunisie, l’Arabie saoudite, Oman, la Lybie, l’Irak ou l’Algérie. En dehors du pays de publication, il est également possible de rechercher la présence de contenus collectés en langue arabe. Cela correspond à 31 contenus (la collection en comptait 41 en février 2022), soit moins de 0,3% de la collection, tous publiés sur des web de la zone MENA, exceptés 2 d’entre eux provenant des États-Unis et de la Corée du Sud (figure n°6). En croisant le pays de publication avec la langue utilisée, on observe que les contenus en lange latine sont mieux représentés : sur 61 contenus collectés, seuls 27 sont en langue arabe, contre 23 en anglais, 6 en français, 2 en hongrois et 3 en portugais. Cela soulève de multiples questions sur la collecte, notamment sur le rôle éventuellement joué par les diasporas, ou par la volonté de donner à voir les contenus les plus visibles et compréhensibles. Cela relève aussi des difficultés de modération rencontrées face aux alphabets non latins, comme l’a rappelée Nicola Bingham. Ceci contribue à valoriser les domaines nationaux qui proposent des versions anglaises de leurs pages web.

Outre cette faible présence linguistique et nationale, un second constat réside dans la nature spécifique des pages collectées qui diffère également des caractéristiques de l’ensemble de la collection, notamment concernant la catégorie d’acteur représentée. La comparaison montre une surreprésentation des acteurs institutionnels et gouvernementaux pour les quelques pages MENA. Sur l’ensemble de la collection, 35% des pages sont celles d’acteurs gouvernementaux nationaux (20%) ou locaux (15%) contre 64% pour les sites MENA. Inversement, l’ensemble de la collecte propose 43% de contenus médiatiques contre 28% pour les pages MENA (figure n°7). Cela signifie qu’il y a aussi une part plus importante d’éléments de propagande plus que de traces issues d’initiatives de la société civile dans des pays bien souvent non démocratiques. Les pages archivées sont principalement issues des sites des ministères de la santé ainsi que des sites dédiés, créés spécifiquement pour faire face à la pandémie, parfois hébergés sur les plateformes des agences gouvernementales, visant à expliquer aux populations les mécanismes, les symptômes du virus mais aussi les gestes barrières ou le fonctionnement de la vaccination (figure n° 8). Malgré leur caractère marginal, ces matériaux constituent néanmoins des sources précieuses pour une histoire de la communication politique et sanitaire à destination des populations, et ouvrent plusieurs perspectives d’études spécifiques concernant la région MENA. 

Archives et perspectives d'étude du patrimoine nativement numérique de la pandémie dans la zone MENA

La recherche des traces en ligne publiées dans les domaines nationaux de la zone MENA apparaît comme un chantier à ciel ouvert. La région a été particulièrement impactée par la pandémie, y compris au niveau économique avec des conséquences sociales lourdes, de surcroît dans les pays qui étaient déjà fragilisés (Syrie, Liban, Lybie). À partir des contenus archivés par l’IIPC, il sera ici question d’envisager des perspectives d’étude concernant l’histoire des pratiques en ligne déployées par les sociétés moyen-orientales et maghrébines durant la pandémie de Covid-19. Un tel dessein repose d’une part sur la nécessité d’identifier des stratégies d’enrichissement du corpus à partir d’autres collections du web archivé. D’autre part, l’histoire du Web passe par la contextualisation des sources nativement numériques au regard des informations concernant l’impact de la pandémie dans la région. 

Enrichir les corpus web archivés concernant la pandémie dans la région MENA

L’enrichissement du corpus concernant la zone MENA peut s’appuyer sur trois stratégies complémentaires. La première relève de l’identification de contenus nativement numériques concernant la région au sein de jeux de données disponibles en ligne, rassemblées principalement par des chercheurs ou des archivistes, à l’image des collections de Tweet recensées par Frédéric Clavert dans son blog scientifique à travers un appel aux internautes (2020). La deuxième piste consiste à identifier des pages web toujours en ligne, soit en à travers une enquête ethnographique ou une recherche via les moteurs de recherche, soit en repérant des initiatives d’archives vivantes produites par des amateurs, notamment sur les médias sociaux, afin de créer une collection issue du web vivant auprès d’un organisme d’archivage. Dans cette quête de contenus éparpillés dans des collections internationales concernant la région MENA, le Web archivé offre un troisième et dernier gisement de sources. Cela recouvre d’abord les collections accessibles en ligne sur le site d’Internet Archive. Si l’IIPC est l’une des rares organisations a avoir constitué via Archive-It une collection internationale dédiée au coronavirus, il existe par ailleurs d’autres collectes ciblant l’échelle globale concernant des thématiques ou des espaces plus ciblés. Archive-It compte au 15 mars 2022, 275 collections intégrant le descripteur « Covid » principalement déposées par des institutions de recherche ou des GLAM états-uniens et canadiens (encart n° 1), à l’image la petite collection de l’Université du Massachusetts[11]. Fait notable, la Bibliothèque régionale d’Athènes (Athens, Georgia Area COVID-19 Response) a mis à disposition un ensemble de 134 pages concernant la pandémie sur le web grec et géorgiens. Surtout, deux initiatives de grande ampleur conduites depuis les États-Unis, respectivement par la Bibliothèque nationale de Médecine (NLM) et l’Université de l’Illinois, proposent quelques pages et contenus en provenance de la zone MENA. La collection « Global Health Events Web archive » du NLM a été lancée en 2014 afin de documenter l’épidémie d’Ebola. Concernant le coronavirus, elle propose des sites Web et des médias sociaux d'organisations gouvernementales, d’ONG, de journalistes, de travailleurs de la santé et de scientifiques, dont une trentaine émanant de webs nationaux de la zone MENA et 7 vidéos d’explication des gestes barrières en langue arabe[12]. Du côté de l’Université de l’Illinois, la collection « Global Civil Society Organization Responses to COVID-19 » comprend 29 sites et des sous-sites, présentés comme un échantillon représentatif des réponses à l'épidémie de la part d’ONG du monde entier. Plus de la moitié de la collection cible la zone MENA à l’image du site de l’Arab Council for Chilhood and Development ou de celui du Palestinian Centre for Human Right[13]. Pour terminer ce tour d’horizon des collections d’Archive-It, soulignons également la centaine de sites, de pages, de contenus repertoriés dans la collection « Muftiships Web archive » qui couvre les réponses des principales autorités religieuses musulmanes face au coronavirus et illustre « la façon dont la loi islamique est administrée à l'ère numérique » au Moyen-Orient comme ailleurs. La moitié des contenus sont en langue arabe et une large partie concerne la région MENA selon une perspective exclusivement islamique. Tous ces projets d’archivage, s’ils intègrent parfois des organisations du monde arabe, partent bien souvent des États-Unis ou de l’Europe. Les collections d’archives web nationales contiennent d’ailleurs parfois, au gré des pérégrinations du logiciel de capture, des pages issues de pays étrangers, ce qui offre également une piste à poursuivre concernant le web archivé (Aasman, Bingham, Brügger, et al., 2020). Par exemple, dans les collections spéciales fournies par les partenaires du projet WARCnet en provenance de la France, du Danemark, du Luxembourg, de la Hongrie, de la Hollande et du Royaume-Uni, une cinquantaine de pages web publiées depuis la région MENA ont été archivées, notamment issues d’agences de presse et de médias comme l’Agence tunisienne Afrique Presse (https://www.tap.info.tn) archivé par le la BNL au Luxembourg ou encore le média en ligne palestinien Metronews (www.metronews.ps) collecté par les archives web danoises[14]. Pour pallier l’absence de dispositif de collecte systématique dans la région MENA, c’est donc une entreprise colossale d’identification, de rassemblement et de reconstitution qu’il s’agirait de conduire, faisant écho au monumental travail réalisé par Anat Ben-David dans sa reconstitution du web yougoslave après sa disparition en 2010 (2016). 

Les premiers corpus exploratoires ici esquissés constituent des sources pour l’étude de la façon dont les gouvernements et les populations ont fait face aux difficultés sanitaires, économiques et sociales dues à la pandémie, et ce dans une perspective diachronique.

Une histoire du Web de la résion MENA au prisme des politiques publiques et des usages numériques concernant les questions de genre et la jeunesse  

Outre les sources nativement numériques, les enquêtes produites par les chercheurs et les rapports émanant des organisations internationales concernant la zone MENA permettent d’envisager des pistes d’étude à poursuivre.  

En privilégiant les sites web institutionnels par rapport aux médias sociaux, l’archive web de l’IIPC éclaire les dispositifs numériques mis en œuvre par les états visant à garantir la continuité des services publics : comme le rapportait le journal en ligne African Manager en mai 2020, face aux fils d’attente induites aux guichets des postes en vue du versement des décaissements, le gouvernement tunisien a inauguré son premier portefeuille numérique[15].  Plus spécifiquement, cette collection documente les stratégies de communication des gouvernements sur le Web et les médias sociaux, en complément des campagnes télévisuelles et radiophoniques. Outre les sites spécifiquement dédiés visant à accompagner les populations vers une meilleure connaissance du virus, des dispositifs de dépistage et des gestes barrières, les sources encore accessibles en ligne permettraient d’envisager le recours aux médias sociaux, y compris par la mobilisation de personnalités populaires dans les sphères nationales concernées. Le rapport de l’OCDE cite notamment l’exemple du ministère de la Culture jordanien qui a engagé plusieurs acteurs médiatiques et influenceurs pour produire une campagne de vidéos en réponse à la crise sanitaire. Figures bien connues des jordaniens, ces acteurs ont prodigué des conseils et ont proposé des occupations aux enfants pendant le confinement de mars 2020[16].

Par ailleurs, les premières observations concernant l’impact de la Covid dans une région marquée par de fortes inégalités économiques et sociales ouvre également des perspectives de recherche à partir du web vivant et archivé concernant les questions de genre et la jeunesse. En effet, l’enquête de l’OCDE souligne le risque de mettre à mal les efforts fournis en matière d’égalité de genre et la place des jeunes dans les sociétés MENA. À travers le monde, les populations jeunes, habituellement moins soumises aux risques mentaux et sanitaires, sont particulièrement impactées par la pandémie, en termes de santé mentale, d’inquiétude pour leur avenir économique, professionel, et pour le respect de leurs libertés fondamentales[17]. Dans la région MENA, leur situation était déjà défavorable sur le marché du travail avant la pandémie, les pays de la zone possédant les taux de chômage des jeunes parmi les plus élevés au monde, associés à une généralisation du travail informel qui concernerait près de 80 % d’entre eux. Selon l’OCDE, cette situation est corrélée à une plus faible confiance accordée aux gouvernements : une enquête de l’Arab Barometer Data indiquait en 2018 que seuls 32% des jeunes avaient confiance en leurs dirigeants dans la zone MENA contre 46% pour l’ensemble des pays de l’OCDE. Dans ce contexte difficile, les traces en ligne permettent d’interroger les modes d’information et d’engagement des jeunes durant la pandémie. 50 % des jeunes de la zone MENA utilisent les médias sociaux comme première source d’information, or ces plateformes constituent des lieux propices à la diffusion de rumeurs et seraient à l’origine de 88% des contenus de désinformation liée à la pandémie (Brennen J. S. et al, 2020). De plus, les informations en ligne en langue arabe diffusées en 2020 au sujet du coronavirus sont particulièrement peu fiables : « la quasi-totalité des informations sanitaires au sujet de la covid-19 les plus facilement accessibles en langue arabe, ne répondent pas aux normes de qualité reconnues, quel que soit leur niveau de lisibilité et leur capacité à être comprises par la population générale des arabophones » (Halboub, Al-Ak’hali, Al-Mekhlafi, et al., 2020). Ce constat invite, à partir du web vivant et archivé, à approfondir l’étude de la circulation de l’information sur les médias sociaux pendant la pandémie du point de vue de la zone MENA, en dehors des seules initiatives gouvernementales sur ces plateformes. Dans le même temps, les médias sociaux ont aussi été le lieu de pratiques d’engagement des jeunes, à l’image de la page Facebook de l’association libanaise Masar qui, durant les confinements de Mars et de Mai, a été mobilisée pour proposer des formations sur la santé mentale à destination des jeunes, suggérer des jeux aux familles, réaliser des vidéos à distance comme source d’occupation[18].       

Dans la zone MENA comme ailleurs, les groupes défavorisés ou déjà vulnérables ont été les plus touchés par la pandémie. La place des femmes dans les sociétés des pays MENA , principalement caractérisées par des économies en développement corrélées à des législations et des normes sociales inégalitaires, ont, d’après l’OCDE : « exposé les femmes à des difficultés supplémentaires en termes de perte d'emploi et de revenu, auxquelles s’ajoutent le fardeau des soins et l'escalade de la violence sexiste, entre autres [19]». Les sources nativement numériques constituent des matériaux précieux pour étudier d’une part les mesures prises en ce sens par les gouvernements, mais aussi le vécu exprimé par les femmes habitant au Moyen-Orient et au Maghreb sur les plateformes de médias sociaux, au moment où, comme partout dans le monde, elles étaient en première ligne face à l’épidémie, qu’il s’agisse du maintien d’emplois de service, du soin, ou de la prise en charge des problématiques familiales. Par exemple, en Algérie, le confinement a donné lieu à la diffusion de vidéos mettant en scène sur les médias sociaux les hommes ou les jeunes garçons en train de cuisiner, principalement émanant de familles urbaines et favorisées, prenant ainsi à rebours certains stéréotypes de genre. Dans le cadre du projet AWAC2, après un sondage en ligne à partir d’un billet de blog publié sur le site de l’IIPC, cette thématique du genre a été retenue pour explorer en profondeur les fichiers archivés (Schafer, Aasman, Brügger et al., 2021). En matière d’éducation, les gouvernements de la zone MENA ont mis en place des ressources pédagogiques et des dispositifs de cours à distance, comme l’illustre le site lancé par le ministère de l’éducation égyptien dès mars 2020[20]. Cependant la fermeture des établissements scolaires a augmenté les inégalités et a notamment entravé le parcours scolaire des jeunes filles, tout en augmentant la charge des mères du fait de l’école à la maison. Ainsi la place des femmes dans le travail scolaire des enfants en contexte de fermeture des écoles dans la région MENA, en prenant en considération le fait qu’elles ont moins accès à Internet que les hommes, constitue un objet d’investigation privilégié. En effet, outre les archives en provenance des pays du Moyen-Orient et du Maghreb, les fouilles de données à venir au sein des fichiers collectés par l’IIPC – et plus seulement les métadonnées – prévues dans le cadre du projet AWAC2, devraient permettre d’identifier de nouvelles sources et d’envisager la médiatisation des situations vécues sur les web diasporiques. 

Conclusion

À travers le cas de la représentation des pays de la région MENA et de la Méditerranée dans la collection internationale créée par l’IIPC, cet article interroge finalement le devenir archive des traces nativement numériques produites par les sociétés confrontées à la pandémie de Covid-19. Le caractère ordinaire des pages sauvegardées (sites institutionnels ou médiatiques orientés vers la gestion de la crise sanitaire) et la marginalité des contenus de langue arabe au sein des collections rappellent avec acuité la puissance des sphères web nationales loin des utopies globalisées qui furent associées à l’essor d’Internet, et confortent le rôle des GLAM comme institutions de la mémoire de l’événement. En effet, malgré le caractère situé de la production des documents et de leur transformation en archive, comme le souligne Bruno Bachimont : « L’archive possède une relation organique à ce dont elle est archive : causée par l’événement dont elle consigne la mémoire, l’archive est le signe, par son existence même, de l’événement et du fait qu’il a bien eu lieu » (2021). Selon cette perspective, ayant pour principe la pérennisation et la transmission des traces nativement numériques produites par les sociétés humaines, l’archive web fait figure de mnémophore, de porteur de mémoire. Cependant il ne s’agit que d’un segment de la mémoire de l’événement, celle d’une institution principalement occidentale engagée dans une initiative d’urgence comme l’ont été plusieurs GLAM durant la pandémie. Ainsi le cas de la place des données archivées depuis les webs méditerranéens et arabes dans la collection de l’IIPC témoigne des défis qui restent à relever pour les organismes engagés dans la patrimonialisation du web et des réseaux socionumériques.

La pandémie a renforcé les tendances existantes concernant les disparités en matière de représentativité, même si l’approche par les marges ne doit masquer l’énorme travail fourni par l’IIPC : pour la première fois certains pays sont visibles dans un programme de collecte international d’archivage du web de grande ampleur aux côtés de plus de 130 domaines nationaux. La mise en archive du web relève aussi du processus de patrimonialisation en tant qu’individuation d’une identité collective (Simondon, 2005) et ainsi les collections constituées sont adressées à des publics selon divers dispositifs de médiation. Contrairement au cadre du dépôt légal qui prévaut en France, les pages collectées par l’IIPC sont diffusées sur le site d’Internet Archive ce qui, nous l’avons vu, a joué un rôle important dans la définition des critères ayant présidé à la constitution du corpus. La mise à disposition des métadonnées mentionnant la date, l’URL collectée, et de multiples informations sur la page web, permettent de mieux interpréter ces objets porteurs de mémoire et de sens. Concernant la région MENA, le recours accru aux technologies digitales durant la crise sanitaire n’a pas donné lieu à un « effet pandémie » qui aurait accentué la mise en place d’archivage du web. Marginalisée au sein de cette dynamique transnationale, la sous-représentation spatiale se couple d’une minorisation des contenus vernaculaires. Les traces en ligne émanant de la société civile sont invisibilisées au profit de la communication politique. Ce sont des bribes de MENA qui surgissent dans la collecte de l’IIPC qui a pourtant le mérite d’être l’une des plus complète en termes de représentation des différents continents. Les explications sont multiples. Il y a d’abord des facteurs internes à la situation des pays du Maghreb et du Moyen-Orient : l’instabilité politique, le manque de moyen financier, des pratiques de censure de l’Internet, entravent la mise en place d’une politique d’archivage qui n’apparaît pas comme un axe d’investissement prioritaire. Ensuite, cette absence relève aussi de facteurs liés aux logiques de réseau propres à la gouvernance de l’archivage du Web autour de l’IIPC, qui pour l’instant atteint peu la zone MENA. Paradoxalement, grâce au service Archive-It, une large partie du patrimoine né numérique de la zone MENA est préservée par la fondation Internet Archive tandis que plusieurs pays de la région sont officiellement en conflit avec les États-Unis, ce qui soulève aussi des questions éthiques.

Enfin, les traces collectées ouvrent des perspectives d’étude concernant l’histoire des usages numériques institutionnels et vernaculaires au sein des sociétés méditerranéennes et de la zone MENA. Ces contenus archivés constituent ainsi des sources pour les chercheurs actuels mais aussi pour les historiens de demain, et à ce titre le processus de mise en archive doit être documenté sans quoi les collections seront peu exploitables. Qu’il s’agisse du choix de mettre l’accent sur les sites institutionnels ou médiatiques ou de celui de privilégier les contenus en alphabet latin, ces informations qui documentent le contexte social, culturel et technique de l’archivage donnent sens à la collection. À l’IIPC, comme dans toute institution confrontée à l’hyper-mémoire numérique, ce « construit social » qu’est l’archivage résulte de compromis collectifs fondés sur la recherche de la meilleure représentativité possible et la prise en compte des contraintes financières ou organisationnelles. Par ailleurs, les disparités constatées en Méditerranée concernant l’archivage du Web, invite aussi à mettre en place des projets coopératifs impliquant pleinement les acteurs locaux dans une perspective d’histoire connectée et en lien avec les réflexions sur la décolonisation des archives. À ce titre les universités de la région MENA constituent des lieux privilégiés, d’autant qu’elles développent des services dédiés aux humanités numériques (Bayoumi, Oliveau, 2020), dont l’une des visées est aussi la capacité des centres de recherche à sauvegarder la mémoire digitale de l’humanité.

Bibliographie

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Bayoumi, H. & Oliveau, S. (2020). Digital archiving in the Arab world: Assessment and challenges. Égypte/Monde arabe, 22, 13-20. https://doi.org/10.4000/ema.13141

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Schafer V., Aasman S., Brügger N., Clavert F., De Wild K., Gebeil S., Analysing Web Archives of the COVID-19 Crisis through the IIPC collaborative collection, IIPC, https://netpreserveblog.wordpress.com/2021/11/02/analysing-web-archives-of-the-covid-19-crisis-through-the-iipc-collaborative-collection-early-findings-and-further-research-questions/

Schafer V., Thièvre J. and Blanckemane B. (2020). Exploring special web archives collections related to COVID-19: The case of INA, https://cc.au.dk/en/warcnet/warcnet-papers

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Figure n° 1 : carte de l’archivage du Web en Europe, Méditerranée, MENA

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Figure n° 2 : les dix pays les plus représentés dans la collection de l’IIPC

 

Figure n° 3 : les dix langages les plus représentés dans la collection de l’IIPC

 

Figure n° 4 : Méditerranée et MENA dans la collecte de l’IIPC

 

Figure n°5 : MENA dans la collection IIPC

 

Figure n° 6 : répartition des contenus de langue arabe archivés par domaines nationaux

 

Figure n° 7 : comparaison des catégories d’acteur

 

Figure n° 8 : captures d’écran de sites et de pages collectés

 

De gauche à droite : 

Site du ministère de la Santé du Maroc, ://www.sante.gov.ma, version du 3 avril 2020, Internet Archive : https://wayback.archive-it.org/13529/20200403164733/https://www.sante.gov.ma/sites/Ar/Pages/AccueilAr.aspx,

Sous-site dédié, créé par le ministère de la Santé de Jordanie, https://corona.moh.gov.jo, version du 4 juin 2020, Internet Archive : https://wayback.archive-it.org/all/20200604221329/https://corona.moh.gov.jo/ar

Sous-site dédié, créé par le ministère de la Santé de Tunisie, http://coronavirus.rns.tn, version du 3 avril 2020, Internet Archive : https://wayback.archive-it.org/13529/20200403031642/http://coronavirus.rns.tn/

Sous-site dédié, créé par le ministère de la Santé du Liban, https://corona.ministryinfo.gov.lb, version du 27 mars 2020, Internet Archive : https://wayback.archive-it.org/13529/20200327180224/https://corona.ministryinfo.gov.lb/   

 

 

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Encart n° 1 - Liste des collections dont le sujet principal est la pandémie de Covid-19 Archive-It, le 15 mars 2022. Sont indiqués entre parenthèse le nombre de collections disponibles par sujet. 

2019 Novel Coronavirus Disease (2)

2019 novel coronavirus disease (1) COVID-19 (Disease) (23)

COVID-19 (Disease) -- Social aspects -- Wyoming (1)

COVID-19 (Disease)--California--Berkeley (1)

COVID-19 (Disease)--Government policy (3)

COVID-19 (Disease)--Michigan (2)

COVID-19 (Disease)--Newfoundland and Labrador (1)

COVID-19 (Disease)--Religious aspects (3)

COVID-19 Pandemic (4)

COVID-19 Pandemic, 2020- (12)

COVID-19 Pandemic, 2020-, News Agencies--Texas (1)

COVID-19, Coronavirus, University, State University, pandemic (1) Corona virus (1)

Coronavirus (5)

Coronavirus Infections (3)

Coronavirus disease (COVID-19) (1)

Coronavirus diseases (1)

Coronavirus epidemics--Blogs--Wisconsin. (1)

Coronavirus infections (6)

Coronavirus infections -- Social aspects -- United States -- Kentucky (1)

Coronavirus infections--Diaries--Wisconsin. (1)

Coronavirus, Medical policy, Pandemic relief, Pandemic prevention, Disease outbreak, Indonesia (1)

Coronaviruses (8)

Covid-19 (28)

Covid-19 (Disease) (2)

Covid-19 pandemic resources (1)

Covid-19(disease) (1)

Covid-19; coronovirus; news (1) Epidemics (12)

Epidemics -- Safety measures (1)

Epidemics -- Social aspects (1)

Epidemics--blogs--wisconsin. (1)

Epidemics--diaries--wisconsin. (1)

Epidemics--michigan (2) Novel Coronavirus (COVID-19) (1)

Novel Coronavirus (COVID-19) in China - Economic aspects (1)

Novel Coronavirus (COVID-19) in China - Political aspects (1)

Novel Coronavirus (COVID-19) in China - Social aspects (1)

Novel Coronavirus (Covid-19) (2)

Novel Coronavirus 19 (7) Pandemic (10)

Pandemic Response (1)

Pandemics (3)

Public Health, COVID-19, China (1)

 

 


[1] Myriam Piguet et Caroline Montebello, « Covid-19 : pour une mémoire ordinaire de l’extraordinaire – Tribune », Libération, 20 avril 2020, https://www.liberation.fr/debats/2020/04/25/covid-19-pour-une-memoire-ordinaire-de-l-extraordinaire_1786299/

[2] Site du projet WARCnet, consulté le 08.11.2021, https://cc.au.dk/en/warcnet/about/

[3] Schafer et al., “Analysing Web Archives of the COVID-19 Crisis”, https://netpreserveblog.wordpress.com/2021/11/02/analysing-web-archives-of-the-covid-19-crisis-through-the-iipc-collaborative-collection-early-findings-and-further-research-questions/

[4] MENA : Algérie, Arabie Saoudite, Palestine, Bahreïn, Djibouti, Émirats Arabes Unis, Égypte, Irak,  Jordanie, Koweït, Liban, Libye, Maroc, Mauritanie, Oman, Qatar, Syrie, Tunisie, Yémen. Pays riverains de la Méditerranée hors possessions britanniques : Espagne, France, Monaco, Italie, Malte, Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Albanie, Grèce, Turquie, Chypre, Turquie, Syrie, Liban, Israël, Palestine, Egypte, Libye, Tunisie, Algérie, Maroc.

[5] Sophie Gebeil, « Archiver les traces numériques en Méditerranée, un défi aux multiples enjeux », The Conversation France, 19 juillet 2019.

[6] « COVID-19 crisis in the MENA region: impact on gender equality and policy responses », 10 juin 2020, https://www.oecd.org/coronavirus/policy-responses/covid-19-crisis-in-the-mena-region-impact-on-gender-equality-and-policy-responses-ee4cd4f4/

[7] Voir la presentation de la collecte sur le blog de l’IIPC, https://netpreserveblog.wordpress.com/2021/11/02/analysing-web-archives-of-the-covid-19-crisis-through-the-iipc-collaborative-collection-early-findings-and-further-research-questions/

[8] Novel Coronavirus, IIPC, Archive It, https://archive-it.org/collections/13529

[9] Nous utiliserons ici les données issues de la première phase de collecte. En février 2022, la collection avait été enrichie de 15000 contenus. 

[10] Israel compte en mars 2022 deux pages archivées par l’IIPC 

[11] https://archive-it.org/collections/13736

[12] National Library of Medicine (2020). Global Health Events web archive, Archive-It, Internet Archive, https://archive-it.org/collections/4887?fc=websiteGroup:Coronavirus+disease+(COVID-19)+outbreak

[13] International and Area Studies Library, University of Illinois at Urbana-Champaign (2020). Global Civil Society Organization Responses to COVID-19, Archive-It, Internet Archive. https://archive-it.org/collections/14004

[14] Metronews.ps est peu accessible depuis la France mais la page Fecebook du média peut être consultée, https://www.facebook.com/metronewsps/about/?ref=page_internal

[15] Mobile payment : new digital wallet, African Manager, 5 mai 2020, https://en.africanmanager.com/mobile-payment-new-digital-wallet-launched/ ; URL ajoutée à la Wayback Machine : https://web.archive.org/web/20220311094936/https://en.africanmanager.com/mobile-payment-new-digital-wallet-launched/

[16] Page Facebook du Ministère de la culture jordanien, https://www.facebook.com/culture.gov.jo?_rdc=2&_rdr , capture effectuée par Internet Archive le 15/03/2022 : 

[17] Youth and Covid-19, Response, Recovery, and Resilience, OCED 2020, https://read.oecd-ilibrary.org/view/?ref=134_134356-ud5kox3g26&title=Youth-and-COVID-19-Response-Recovery-and-Resilience

[18] ONG Masar, https://fr-fr.facebook.com/masarlborg/, page ajoutée à la Wayback Machine : https://fr-fr.facebook.com/masarlborg/

[19] L’OCDE a ainsi consacré une enquête spécifique : « COVID-19 crisis in the MENA region: impact on gender equality and policy responses », 10 juin 2020, https://www.oecd.org/coronavirus/policy-responses/covid-19-crisis-in-the-mena-region-impact-on-gender-equality-and-policy-responses-ee4cd4f4/

[20] Le site https://study.ekb.eg/, a été collecté par Internet Archive,  https://web.archive.org/web/20210209205657/https://study.ekb.eg/

[21] Cette question était d’ailleurs à l’ordre du jour de la conférence de RESAW IV au Luxembourg qui avait pour thème « Marginal vs Mainstream », https://www.resaw2021.net/

[22] Voir le projet ANR Shakk, De la révolte à la guerre en Syrie. Conflits, déplacements, incertitudes (dir. Cécile Boëx), https://shakk.hypotheses.org

[23] Med-Mem, mémoires audiovisuelles de la Méditerranée, http://www.medmem.eu/

 

Figure n° 1 : carte de l’archivage du Web en Europe, Méditerranée, MENA

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Figure n° 2 : les dix pays les plus représentés dans la collection de l’IIPC

 

Figure n° 3 : les dix langages les plus représentés dans la collection de l’IIPC

 

Figure n° 4 : Méditerranée et MENA dans la collecte de l’IIPC

 

Figure n°5 : MENA dans la collection IIPC

 

Figure n° 6 : répartition des contenus de langue arabe archivés par domaines nationaux

 

Figure n° 7 : comparaison des catégories d’acteur

 

Figure n° 8 : captures d’écran de sites et de pages collectés

De gauche à droite : 

Site du ministère de la Santé du Maroc, ://www.sante.gov.ma, version du 3 avril 2020, Internet Archive : https://wayback.archive-it.org/13529/20200403164733/https://www.sante.gov.ma/sites/Ar/Pages/AccueilAr.aspx,

Sous-site dédié, créé par le ministère de la Santé de Jordanie, https://corona.moh.gov.jo, version du 4 juin 2020, Internet Archive : https://wayback.archive-it.org/all/20200604221329/https://corona.moh.gov.jo/ar

Sous-site dédié, créé par le ministère de la Santé de Tunisie, http://coronavirus.rns.tn, version du 3 avril 2020, Internet Archive : https://wayback.archive-it.org/13529/20200403031642/http://coronavirus.rns.tn/

Sous-site dédié, créé par le ministère de la Santé du Liban, https://corona.ministryinfo.gov.lb, version du 27 mars 2020, Internet Archive : https://wayback.archive-it.org/13529/20200327180224/https://corona.ministryinfo.gov.lb/   

 

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Encart n° 1 - Liste des collections dont le sujet principal est la pandémie de Covid-19 Archive-It, le 15 mars 2022. Sont indiqués entre parenthèse le nombre de collections disponibles par sujet. 

2019 Novel Coronavirus Disease (2)

2019 novel coronavirus disease (1) COVID-19 (Disease) (23)

COVID-19 (Disease) -- Social aspects -- Wyoming (1)

COVID-19 (Disease)--California--Berkeley (1)

COVID-19 (Disease)--Government policy (3)

COVID-19 (Disease)--Michigan (2)

COVID-19 (Disease)--Newfoundland and Labrador (1)

COVID-19 (Disease)--Religious aspects (3)

COVID-19 Pandemic (4)

COVID-19 Pandemic, 2020- (12)

COVID-19 Pandemic, 2020-, News Agencies--Texas (1)

COVID-19, Coronavirus, University, State University, pandemic (1) Corona virus (1)

Coronavirus (5)

Coronavirus Infections (3)

Coronavirus disease (COVID-19) (1)

Coronavirus diseases (1)

Coronavirus epidemics--Blogs--Wisconsin. (1)

Coronavirus infections (6)

Coronavirus infections -- Social aspects -- United States -- Kentucky (1)

Coronavirus infections--Diaries--Wisconsin. (1)

Coronavirus, Medical policy, Pandemic relief, Pandemic prevention, Disease outbreak, Indonesia (1)

Coronaviruses (8)

Covid-19 (28)

Covid-19 (Disease) (2)

Covid-19 pandemic resources (1)

Covid-19(disease) (1)

Covid-19; coronovirus; news (1) Epidemics (12)

Epidemics -- Safety measures (1)

Epidemics -- Social aspects (1)

Epidemics--blogs--wisconsin. (1)

Epidemics--diaries--wisconsin. (1)

Epidemics--michigan (2) Novel Coronavirus (COVID-19) (1)

Novel Coronavirus (COVID-19) in China - Economic aspects (1)

Novel Coronavirus (COVID-19) in China - Political aspects (1)

Novel Coronavirus (COVID-19) in China - Social aspects (1)

Novel Coronavirus (Covid-19) (2)

Novel Coronavirus 19 (7) Pandemic (10)

Pandemic Response (1)

Pandemics (3)

Public Health, COVID-19, China (1)

 

 

Proditus praesidia deinde parans amnis diebus dux absque amnis deinde

 

 


 

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